XVe siècleEdit
Le duché est créé en 1416 lorsque Sigismond, empereur du Saint-Empire romain germanique (r. 1433-1437) attribue le titre de « duc » au comte Amadeus VIII.
Etant enclavé lors de sa conception en 1388, le comté de Savoie de l’époque acquiert quelques kilomètres de côte autour de Nice. Hormis cette expansion, le XIVe siècle est généralement une période de stagnation. La pression des puissances voisines, notamment la France, empêche le développement qui caractérise le reste de l’époque de la Renaissance pour la Savoie.
Le règne d’Amadeus VIII est un tournant pour l’économie et la politique de l’État, qui marque profondément l’histoire de la nation. Son long règne a été marqué par des guerres (le pays a étendu son territoire en battant le duché de Monferrato et la seigneurie de Saluzzo), ainsi que par des réformes et des édits, mais aussi par quelques actions controversées. La première date de 1434, lorsqu’il choisit de se retirer au château de Ripaille, où, menant une vie d’ermite, il fonde l’ordre de Saint-Maurice. En 1439, il reçoit une nomination d’antipape, qu’il accepte (sous le nom de Félix V), bien qu’il démissionne par la suite, une décennie plus tard, par crainte de porter atteinte à l’unité religieuse des chrétiens.
La deuxième action importante du gouvernement d’Amadeo VIII fut la création de la principauté du Piémont en août 1424, dont la gestion fut confiée au premier-né de la famille comme un titre d’honneur. Le duc laissa le territoire largement formé de l’ancien domaine de Savoie.
En tant qu’homme cultivé et raffiné, le duc Amadeus accordait une grande importance à l’art. Entre autres, il travailla avec le célèbre Giacomo Jaquerio) en littérature et en architecture, encourageant l’entrée de l’art dans le Piémont italien.
Cependant, son premier fils Amedeo mourut prématurément en 1431 et fut remplacé par son second fils Louis. À Louis succède à son tour le faible Amédée IX, extrêmement religieux (il sera finalement déclaré bienheureux), mais de peu de pouvoir pratique au point qu’il laisse sa femme, Yolande (Violante) de Valois, sœur de Louis XI, prendre des décisions très importantes. Pendant cette période, la France était plus ou moins libre de contrôler les affaires de la Savoie, ce qui liait la Savoie à la couronne à Paris.
L’économie du duché a souffert pendant ces années, non seulement à cause de la guerre, mais aussi à cause de la mauvaise administration de Violante et des dons continus d’Amadeus IX aux pauvres de Vercelli. L’avenir de la nation est confié à un garçon, Philibert Ier, qui meurt à l’âge précoce de dix-sept ans, après avoir régné pendant dix ans. Charles Ier lui succéda, dont l’ascension sur le trône semblait promettre une renaissance du pays.
XVIe siècleEdit
Lorsque Philibert II mourut en 1504, Charles III le Bon, un souverain plutôt faible, lui succéda. Depuis 1515, la Savoie était occupée par des armées étrangères, et François Ier de France n’attendait que l’occasion d’annexer définitivement la Savoie et ses possessions. En 1536, François Ier ordonne l’occupation du duché, qui est envahi par un fort contingent militaire. Charles III réalise trop tard la faiblesse de l’État et tente de défendre la ville de Turin. Cependant, la ville est perdue le 3 avril de la même année. Charles III se retira à Vercelli, essayant de continuer le combat, mais ne vit jamais l’État libéré de l’occupation.
Emmanuel Philibert fut le duc qui, plus que tout autre, influença la future politique de la Savoie, réussissant à mettre fin à une occupation de plus de vingt ans. La paix de Cateau-Cambrésis, signée en 1559, redonne une pleine autonomie au duché, avec son mariage avec Marguerite de France.
Emmanuel Philibert se rend compte que la Savoie ne peut plus faire confiance à la France. Il a donc déplacé la capitale à Turin, et qu’il a protégée avec un système complexe de fortifications connu sous le nom de Cittadella. (On peut encore voir des vestiges de la Cittadalla, bien qu’elle ait été largement détruite par l’expansion ultérieure de la ville). De son expérience militaire en Flandre, Emmanuel Philibert a appris à diriger une armée, ayant remporté la célèbre bataille de Saint-Quentin. Il fut le premier duc de Savoie à établir un appareil militaire stable qui n’était pas composé de mercenaires mais plutôt de soldats savoyards spécialement formés.
Son fils, Charles Emmanuel Ier, étendit le duché au détriment des seigneuries du Montferrat et du territoire de Saluzzo, précédemment cédé à la France, en 1601 par le traité de Lyon. Malheureusement, les guerres de Charles Emmanuel se soldent le plus souvent par des défaites. Néanmoins, on se souvient de lui comme de « Charles le Grand », car il était un homme polyvalent et cultivé, un poète et un habile réformateur. Il a su gérer le duché à une époque de crise grave vis-à-vis des puissances européennes et a trouvé le soutien des Habsbourg. La politique de Charles Emmanuel était en fait davantage basée sur des actions de guerre internationale, comme les possessions du marquis de Saluzzo, et les guerres de succession dans les duchés de Mantoue et de Montferrat. En général, la Savoie se range du côté de l’Espagne, mais s’allie parfois à la France (comme l’exige par exemple le traité de Suse).
XVIIe siècleModification
Au cours du XVIIe siècle, l’influence de la cour de Versailles fait pression sur la Savoie. En raison de la proximité du duché de Milan, des troupes étaient stationnées en France, et la disposition de Pinerolo (l’un des plus importants fiefs de la Savoie), étaient situés près de Turin. La cour, qui avait été sous influence espagnole avec Charles Emmanuel Ier, s’oriente vers la France sous ses trois successeurs. Vittorio Amedeo Ier (en fonction de 1630 à 1637) avait épousé Madame Royale, Marie-Christine de Bourbon-France en 1619. Cristina a détenu le véritable pouvoir en Savoie pendant la courte période de l’enfant-duc François Hyacinthe (régnant 1637-1638) et pendant la minorité (1638-1648) de Charles Emmanuel II.
La forte influence française, à laquelle s’ajoutent divers malheurs, frappa à plusieurs reprises la Savoie après la mort de Charles Emmanuel Ier (26 juillet 1630). Tout d’abord, la peste sévit en 1630 et contribue fortement à la pauvreté déjà très répandue.
Les guerres de succession du Montferrat (1628-1631) sont très sanglantes dans les campagnes et soumettent Casale Monferrato à un long siège (1629). Les développements des armes et de la politique ont affecté l’économie et l’histoire future, exacerbant la situation déjà difficile après la mort de Victor Amadeus I en 1637. Son fils aîné survivant, François Hyacinthe, âgé de 5 ans, lui succède pour une courte période. Le poste de régent pour le fils cadet suivant, Carlo Emanuele II, revient également à sa mère Christine Marie de France, dont les partisans sont connus sous le nom de madamisti (partisans de Madama Reale). De ce fait, la Savoie devient un État satellite du frère du régent, le roi Louis XIII de France. Les partisans du cardinal prince Maurice de Savoie et du prince Thomas François de Savoie (tous deux fils de Charles Emmanuel Ier), ainsi que leurs partisans, prirent le nom de principisti (partisans des princes).
Chaque faction belligérante assiégea bientôt la ville de Turin. Les principisti réalisent des gains précoces, soumettant Turin à un grand pillage le 27 juillet 1639. Ce n’est qu’en 1642 que les deux factions parviennent à un accord ; entre-temps, la veuve de Victor Amadeus Ier avait placé le fils de Victor, Charles Emmanuel II, sur le trône et régenté à sa place, même au-delà de l’âge de la majorité de l’enfant.
Une résurgence des guerres de religion a lieu pendant la régence. Par la suite, en 1655, les troupes savoyardes massacrent une grande partie de la population protestante des vallées vaudoises, un événement connu sous le nom de Pâques piémontaises (Pasque Piedmont). La pression internationale finit par mettre fin aux massacres. Un accord final avec les vaudois fut réalisé en 1664.
Le gouvernement de Charles Emmanuel II fut le premier pas vers des réformes majeures menées par son successeur Victor Amadeus II au siècle suivant. La création de milices en Savoie et la mise en place de la première école publique en 1661 sont particulièrement importantes. Homme cultivé, mais aussi grand homme d’État, Charles Emmanuel imite Louis XIV. Il veut la limiter à la cour dans le somptueux palais de la Venaria Reale, chef-d’œuvre de l’architecture baroque, copie recréée en Italie de la magnificence du château de Versailles. C’était une époque de grande expansion urbaine, et Charles Emmanuel II a encouragé la croissance de Turin et sa reconstruction dans le style baroque. Après sa mort en 1675, s’ensuit la période de régence (1675-1684) de sa veuve, la nouvelle Madama Reale, Marie Giovanna Battista de Savoie-Nemours.
Du duché au royaumeEdit
Le fils de Charles Emmanuel II, Victor Amadeus II, est maintenu sous la régence de sa mère, Marie Jeanne Baptiste de Savoie-Nemours, née française. Dans les premières années du règne, son énergique mère tente d’unir la couronne de Savoie aux Portugais, et risque ainsi de compromettre la survie même du duché (la Savoie serait réduite comme les autres États italiens à une puissance étrangère). Sous la main déterminée du régent Victor Amadeus II, la Savoie entretient de mauvaises relations avec la France, ce qui conduit à l’invasion du duché par les forces françaises. La Savoie vainc l’armée française au siège de Cuneo, mais est dramatiquement vaincue aux batailles de Staffarda et de Marsaglia. Victor Amadeus II épouse Anne Marie d’Orléans, nièce de Louis XIV.
Après la guerre de la Grande Alliance, la Savoie se range pendant la première phase de la guerre de Succession d’Espagne aux côtés de Louis XIV. En changeant d’alliance, une nouvelle invasion française de la Savoie se produit, les troupes du marquis de Fouillade battent les troupes savoyardes et les poursuivent jusqu’à Turin. Cet événement, qui n’a réussi que grâce à l’arrivée sur le champ de bataille du cousin du duc, le prince Eugène de Savoie, a permis de résoudre un conflit qui semait la destruction en Savoie.
À la fin de la guerre en 1713, Victor Amadeus II se voit attribuer le titre de roi de Sicile en plus de celui de duc de Savoie. Selon le traité de Londres de 1718, Victor Amadeus II échangea la Sicile contre la Sardaigne en 1720. La Sardaigne est alors devenue le Royaume de Sardaigne. Ce pays nouvellement formé était appelé États de Savoie ou Royaume de Sardaigne, et était composé de plusieurs États dont la Savoie, le Piémont, la Vallée d’Aoste, Nice, Oneglia et la Sardaigne.
Après la Révolution française, la Savoie a été occupée par les forces révolutionnaires françaises entre 1792 et 1815. Le pays a d’abord été ajouté au département du Mont-Blanc ; puis, en 1798, il a été divisé entre les départements du Mont-Blanc et du Léman (nom français du lac Léman). La Savoie, le Piémont et Nice sont restitués aux États de Savoie lors du congrès de Vienne en 1814-1815.
En 1860, aux termes du traité de Turin, le duché de Savoie est annexé par la France. Le dernier duc de Savoie, Victor Emmanuel II, devient roi d’Italie.