Il est plus qu’ironique que les styles de bière « américains » se caractérisent à la fois par un engagement à la limite de l’absurde pour des saveurs intenses et des interprétations exagérées de styles classiques et de produits vieillis en fût de chêne et fumés… et par des versions atténuées de styles classiques. Pour chaque IPA américaine, il y a une Lager américaine légère. Pour chaque Stout américaine, il y a une Wheat ou Rye Ale américaine.

Et il y a la bonne vieille American Blonde Ale, inoffensive, abordable, sans saveurs agressives. Ne vous méprenez pas sur ce que je veux dire : c’est toujours une bière que j’aime brasser et boire, et je pousse un soupir de soulagement lorsque je suis dans un brewpub et que j’ai la possibilité de commander une de ces bières et de laisser tomber la dernière Triple Bock infusée aux gousses de vanille. Je fais juste remarquer que nous, les brasseurs américains, avons une certaine gamme.

STYLE

Alors, c’est quoi ce style ? Les lignes directrices 2015 du BJCP le décrivent comme une « bière artisanale américaine facile à boire, abordable et orientée vers le malt, souvent avec des notes intéressantes de fruits, de houblon ou de malt de caractère. » Le nom indique également qu’il s’agit d’une bière pâle, d’où le nom de « Blonde » ale ! Cette description banale cache cependant la réalité. Ce style peut être remarquablement amusant et intéressant. Tant qu’il s’agit de saveurs modérées qui ne l’entraînent pas dans les catégories de spécialités ou dans l’une des catégories de « Ale » américaines classiques, on peut s’amuser avec des combinaisons de saveurs, des adjuvants, des ingrédients spéciaux et bien d’autres choses encore, tout en fabriquant une bière qui « rentre » dans la catégorie des Blonde Ale. Les malts s’éloignent généralement des saveurs de caramel en faveur des saveurs de malt grillé, et les houblons sont généralement américains (mais pas exclusivement), mais dans le cadre de cet ensemble très lâche de restrictions, presque tout le reste est permis ! Plus important que le profil de saveur, il s’agit d’une pinte douce, buvable et rafraîchissante. Elle prend les lagers américaines et la Cream Ale et augmente un peu le volume des saveurs. Assez simple.

RECIPE

Une certaine brasserie de la banlieue de Philadelphie produit chaque été une bière que les gens semblent vraiment aimer. Je soupçonne qu’elle contient du malt Victory, mais je ne me sens pas à l’aise de mettre en avant la société de brasserie qui la produit. Cette recette est pour une bière qui émule cette bière que je ne nommerai pas.

Commencez avec un mélange 50/50 de malt Maris Otter et Pilsner, environ quatre livres de chaque, ce qui devrait vous donner beaucoup de bonnes saveurs de malt de base sans ajouter beaucoup en termes de couleur. Juste pour être sûr, ajoutez une livre de malt Vienna, qui ajoutera un peu de grain rustique léger. Enfin, utilisez une demi-livre de malt Victory pour augmenter le goût de pain grillé dans la liste des malts. Cette recette s’écarte de la mouture  » déclarée  » par la brasserie, mais lors de dégustations comparatives, elle se comporte bien ! Vous devriez atterrir à environ 1,051, et avoir un caractère malté à peine présent mais encore perceptible.

Le houblonnage est simple, mais les variétés comptent (beaucoup plus que les malts, dans ce cas). Amérisez avec une once de Tettnang à 60 minutes pour environ 15 IBU, puis ajoutez une demi-once de Simcoe et de Cascade chacune à 10 minutes restantes. Vous ajouterez également une demi-once de Citra en houblonnage sec.

Finalement, mettez la main sur un peu de Wyeast London Ale III (1318), que nous ferons fermenter à froid pour obtenir un joli et léger peu d’ester de baies.

PROCESS

Mash, lauter, sparge, et bouillir sont tous standard ici. C’est une bière assez simple à faire. Les seules vraies décisions sont la température de fermentation et quand ajouter le houblon sec. La Blonde Ale est (ou était, dans les directives précédentes) une bière « hybride » – elle peut être faite avec des levures ale ou lager, mais le fil conducteur est la température. Vous faites soit une fermentation chaude avec une levure lager, soit une fermentation froide avec une levure ale. Dans ce cas, il faut viser 60F, et s’y tenir pendant la première semaine. Après cela, laissez-le monter à une saine 70-72F pour réduire le risque de diacétyle (bien que ce ne soit pas la pire chose dans ce style !).

J’aime ajouter du houblon sec pendant seulement quelques jours avant le cold crashing et le conditionnement (2,5 volumes de CO2, d’ailleurs). Le profil de saveur de la bière ne nécessite pas (et le style ne récompense pas, nécessairement) un gros nez de houblon. Il s’agit plutôt d’une impression de fruits frais, légèrement présents, avec un peu de caractère herbeux de houblon sec. Ne pas aller trop loin et transformer cela en une session IPA !

EN CLOTURE

Cette Blonde Ale est plus savoureuse que votre bière « tondeuse à gazon » moyenne, alors gardez-la pour après la tonte. Une fois que vous aurez composé la recette, ce sera la bière qui fera commencer vos amis non-buveurs sur le chemin de l’obsession de la bière artisanale ! Et vous l’apprécierez aussi.

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