Dans l’affaire Marbury v. Madison (1803), la Cour suprême a annoncé pour la première fois le principe selon lequel un tribunal peut déclarer nulle une loi du Congrès si elle est incompatible avec la Constitution. William Marbury avait été nommé juge de paix pour le district de Columbia dans les dernières heures de l’administration Adams. Lorsque James Madison, le secrétaire d’État de Thomas Jefferson, a refusé de délivrer la commission de Marbury, ce dernier, rejoint par trois autres personnes nommées dans la même situation, a demandé une ordonnance de mandamus obligeant la délivrance des commissions.
Le juge en chef John Marshall, écrivant pour une Cour unanime, rejette la pétition et refuse d’émettre le mandat. Bien qu’il ait conclu que les pétitionnaires avaient droit à leurs commissions, il a estimé que la Constitution ne donnait pas à la Cour suprême le pouvoir de délivrer des brefs de mandamus. La section 13 de la loi judiciaire de 1789 prévoyait que de tels brefs pouvaient être délivrés, mais cette section de la loi était incompatible avec la Constitution et donc invalide.
Bien que l’effet immédiat de la décision ait été de refuser tout pouvoir à la Cour, son effet à long terme a été d’augmenter le pouvoir de la Cour en établissant la règle selon laquelle » c’est emphatiquement la province et le devoir du département judiciaire de dire ce qu’est la loi. Depuis Marbury v. Madison, la Cour suprême est l’arbitre final de la constitutionnalité de la législation du Congrès.