Ratio sexuel
Un deuxième aspect structurel important des populations est le nombre relatif de mâles et de femelles qui la composent. En général, il naît un peu plus de mâles que de femelles (un rapport typique serait de 105 ou 106 mâles pour 100 femelles). En revanche, il est assez fréquent que les mâles connaissent une mortalité plus élevée à pratiquement tous les âges après la naissance. Cette différence est apparemment d’origine biologique. Des exceptions existent dans des pays comme l’Inde, où la mortalité des femmes peut être plus élevée que celle des hommes dans l’enfance et aux âges de la procréation, en raison de l’allocation inégale des ressources au sein de la famille et de la mauvaise qualité des soins de santé maternelle.
Les règles générales selon lesquelles plus de mâles naissent mais les femelles connaissent une mortalité plus faible signifient que pendant l’enfance les mâles sont plus nombreux que les femelles du même âge, la différence diminue à mesure que l’âge augmente, à un certain moment de la vie adulte les nombres de mâles et de femelles deviennent égaux, et à mesure que l’on atteint des âges plus élevés le nombre de femelles devient disproportionné. Par exemple, en Europe et en Amérique du Nord, parmi les personnes âgées de plus de 70 ans en 1985, le nombre d’hommes pour 100 femmes n’était que d’environ 61 à 63. (Selon la Division de la population des Nations unies, le chiffre pour l’Union soviétique n’était que de 40, ce qui peut être attribuable à une mortalité masculine élevée pendant la Seconde Guerre mondiale ainsi qu’à une augmentation possible de la mortalité masculine pendant les années 1980.)
Le rapport des sexes au sein d’une population a des implications importantes sur les modèles de mariage. Une pénurie d’hommes d’un âge donné fait baisser le taux de mariage des femmes du même groupe d’âge ou généralement de celles qui sont un peu plus jeunes, ce qui, à son tour, est susceptible de réduire leur fécondité. Dans de nombreux pays, la convention sociale dicte un modèle dans lequel les hommes au moment du mariage sont légèrement plus âgés que leurs épouses. Ainsi, s’il y a une augmentation spectaculaire de la fécondité, comme celle que l’on a appelée le « baby-boom » dans la période qui a suivi la Seconde Guerre mondiale, il peut en résulter une « compression des mariages », c’est-à-dire que le nombre d’hommes ayant l’âge socialement correct pour se marier est insuffisant pour le nombre de femmes un peu plus jeunes. Cela peut conduire à un report du mariage de ces femmes, à une contraction de la différence d’âge des couples mariés, ou les deux. De même, une baisse spectaculaire de la fécondité dans une telle société est susceptible de conduire à terme à une insuffisance de femmes éligibles pour le mariage, ce qui peut conduire à un mariage plus précoce de ces femmes, à une expansion de l’écart d’âge au moment du mariage, ou les deux. Tous ces effets sont lents à se développer ; il faut au moins 20 à 25 ans pour que même une baisse ou une hausse spectaculaire de la fécondité affecte les tendances du mariage de cette manière.