Troisième guerre servile, également appelée guerre des gladiateurs et révolte de Spartacus, (73-71 av. J.-C.) rébellion des esclaves contre Rome menée par le gladiateur Spartacus.
Spartacus était un Thrace qui avait servi dans l’armée romaine mais semble avoir déserté. Il a été capturé et ensuite vendu comme esclave. Destiné à l’arène, en 73 av. J.-C., il s’est échappé, avec une bande de gladiateurs, d’une école d’entraînement à Capoue et s’est réfugié sur le mont Vésuve. Là, il se maintint comme capitaine de brigands et recruta comme lieutenants deux Celtes, Crixus et Oenomaus, qui, comme lui, avaient été gladiateurs. D’autres esclaves évadés se joignent bientôt à la bande, et les Romains agissent pour éliminer la menace croissante.
Une force de 3 000 hommes rassemblée à la hâte, sous les ordres de Claudius Pulcher ou Claudius Glaber (les sources varient), s’efforce d’affamer les rebelles. Dans un geste audacieux, les forces de Spartacus escaladent les précipices et mettent les Romains en fuite. Des groupes d’hommes robustes et désespérés se joignent aux rebelles, et lorsque le préteur Publius Varinius entre en campagne contre eux, il les trouve retranchés comme une armée régulière dans la plaine. Avant que les Romains ne puissent agir, les rebelles s’enfuient, et lorsque Varinius s’avance pour prendre d’assaut leurs lignes, il les trouve désertes. De la Campanie, les rebelles marchèrent vers la Lucanie, une région qui s’était opposée à Rome dans plusieurs conflits importants, dont le plus récent était la guerre sociale (90-88 bce). Le pays se prêtait mieux aux tactiques de guérilla de Spartacus et de sa bande. Varinius suivit, mais fut vaincu dans plusieurs engagements et échappa de justesse à la capture. Les insurgés réoccupent la Campanie, et avec la défaite de Gaius Thoranius, le questeur de Varinius, ils obtiennent la possession de presque toute l’Italie du Sud. Les villes de Nola et Nuceria en Campanie sont mises à sac, ainsi que Thurii et Metapontum en Lucanie. Le Sénat dépêche enfin les deux consuls contre les rebelles (72 av. J.-C.). L’historien Appien suggère qu’à ce moment-là, l’armée de Spartacus comptait quelque 70 000 hommes.
Une force d’esclaves germains évadés, commandée par Crixus, fut sèchement battue au mont Garganus, dans les Pouilles, par le préteur Quintus Arrius, mais cette défaite ne contribua guère à endiguer la révolte. Selon Plutarque, Spartacus, avec le gros de son armée, vainquit le consul Lentulus et se dirigea ensuite vers les Alpes. Une force de quelque 10 000 hommes, commandée par Gaius Cassius, gouverneur de la Gaule cisalpine, et le préteur Gnaeus Manlius, est battue à Mutina. La liberté était en vue, et Plutarque décrit Spartacus comme ayant une vision réaliste des chances de son armée de vaincre une Rome pleinement mobilisée. Cependant, au lieu de franchir les Alpes et de rentrer chez lui, Spartacus marche vers Rome même. Au lieu d’attaquer la capitale, il passa à nouveau en Lucanie.
La conduite de la guerre est désormais confiée au préteur Marcus Licinius Crassus. Dès sa prise de commandement, Crassus aurait procédé à une décimation des armées consulaires qui s’étaient engagées sur le terrain contre Spartacus afin de rétablir l’ordre ; un homme sur dix aurait été tiré au sort et tué. Spartacus vainquit deux légions commandées par le légat de Crassus, Mummius, et se retira vers le détroit de Messine. De là, il avait l’intention de traverser vers la Sicile, où les deux premières guerres serviles (135-132 av. J.-C. et 104-99 av. J.-C.) avaient été menées. Spartacus espérait raviver ces rébellions et renforcer ses forces en recrutant des esclaves affranchis pour sa cause. Les pirates qui avaient accepté de transporter son armée se sont cependant révélés indignes de confiance, et Spartacus s’est rapidement retrouvé piégé à Bruttium (Calabre moderne). Pendant que Spartacus tentait de porter sa rébellion en Sicile, Crassus s’efforçait de mettre fin à la guerre en assiégeant effectivement tout le « bout » de l’Italie. En peu de temps, il érigea un impressionnant système de fortifications à fossés et à remparts qui s’étendait sur 60 km à travers le cou de la péninsule. Privé à la fois de la capacité de manœuvrer son armée et d’un accès facile à des approvisionnements frais, Spartacus vit que sa situation était désespérée. Sous le couvert de l’obscurité et au milieu d’une tempête de neige, l’armée de Spartacus franchit le fossé de 5 mètres de large, escalada le mur et força les lignes romaines. Une fois de plus, le sud de l’Italie est ouvert à Spartacus, mais la désunion s’est emparée de l’armée rebelle. Une force de Gaulois et de Germains, qui s’était retirée du corps principal et campait à quelque distance, fut attaquée et détruite par Crassus.
Crassus était maintenant contraint de mettre fin à la guerre à ses conditions et selon un calendrier accéléré. Il avait persuadé le Sénat de renforcer sa campagne en rappelant Lucius Licinius Lucullus de Thrace et Pompée d’Espagne, mais il s’est rapidement rendu compte du danger d’une telle démarche. Pompée était déjà une force redoutable dans la capitale, et il venait d’achever la reconquête romaine de l’Espagne en écrasant une rébellion dirigée par Quintus Sertorius. En donnant à Pompée la possibilité de retourner en Italie avec une armée derrière lui, toute la gloire de la défaite de Spartacus lui reviendrait presque certainement à lui et non à Crassus. Dans le récit d’Appien, Spartacus reconnaît cette rivalité au sein du commandement romain et tente de faire une paix séparée avec Crassus, mais ses conditions sont rejetées.
Spartacus prit une position forte dans le pays montagneux de Petelia (près de Strongoli en Calabre moderne) et infligea une sévère défaite à l’avant-garde des Romains qui le poursuivaient. Ses hommes, rassurés par cette petite victoire, refusent de reculer plus loin. Anticipant la bataille décisive à venir, Spartacus aurait tué son cheval, déclarant que si son armée l’emportait, il aurait le choix parmi les beaux chevaux des Romains, et que s’il perdait, il n’aurait plus besoin de monture. Dans la bataille rangée qui suivit, l’armée rebelle fut anéantie et Spartacus fut tué au combat. Un petit groupe de rebelles s’échappa du champ de bataille, mais ils furent rencontrés et mis en pièces au pied des Alpes par Pompée. Les restes de l’armée rebelle sont capturés et des milliers de personnes sont crucifiées le long de la voie Appienne en guise d’avertissement à ceux qui se soulèveraient contre Rome. Comme Crassus l’avait craint, Pompée s’attribua le mérite d’avoir terminé la guerre et reçut l’honneur d’un triomphe, alors que Crassus ne reçut qu’une simple ovation. Les deux hommes furent élus conjointement consuls en reconnaissance de leur victoire.