Contexte
En 49 av. J.-C., les relations de César avec le Sénat romain s’étaient dangereusement détériorées. Ayant récemment conquis et pacifié les tribus gauloises, il était stationné en Gaule cisalpine lorsqu’il reçut l’ordre du Sénat de renoncer au commandement de ses 10 légions vétérans. Il avait déjà envoyé deux légions à Rome en 51 av. J.-C. à la demande du Sénat, vraisemblablement pour une campagne de Parthes dans laquelle elles ne furent jamais utilisées. Il répugnait à rendre le reste de ses légions, dont neuf hivernaient en Gaule. César comprit que sa carrière politique s’évanouirait s’il obéissait à la demande du Sénat, mais il savait aussi que la défier serait un acte de guerre. Il décida que la guerre était favorable. Les 10 et 11 janvier 49 av. J.-C., César fit traverser le Rubicon à la Legio XIII Gemina et entra en Italie proprement dite.
Le Sénat était certain que les villes et les villages situés le long de la marche de César vers le sud se rallieraient à la défense de la république, mais cette hypothèse s’avéra rapidement fausse. Pompée était le seul consul à l’époque et, bien qu’il ait été autrefois le compagnon de triumvir de César, il était maintenant un ferme défenseur du Sénat et de la république. Le Sénat ne disposait que de deux légions en Italie – les deux que César avait envoyées – et le manque de soutien dans le nord compliquait sa capacité à lever de nouvelles troupes. Pompée exhorta ses collègues sénateurs à évacuer Rome et à se retirer avec leur armée à Brundisium (l’actuelle Brindisi), située au pied de la péninsule italienne. Lorsque César atteint Rome, la ville lui ouvre ses portes. En mars, il avait été renforcé par quatre de ses légions gauloises et avait avancé sur Brundisium, mais pas avant que Pompée et le Sénat n’abandonnent l’Italie pour se regrouper en Épire.
Avec l’ensemble de la péninsule italienne désormais à sa portée, César observa que si la petite armée de Pompée était de l’autre côté de la mer Adriatique, sept légions loyalistes étaient toujours stationnées en Hispanie, bien que sans général. Il choisit d’éliminer d’abord la plus grande armée avant qu’elle ne puisse s’organiser. Il retourne brièvement à Rome en avril, où il pardonne à ses opposants politiques, installe un nouveau Sénat et lève au moins 14 légions. Puis, laissant une importante garnison en Italie, César retrouve certaines de ses forces gauloises dans le sud de la Gaule avant de traverser en Hispanie. Il écrasa les loyalistes à Ilerda en août et força la reddition de deux légions à Cordoue le mois suivant. Lorsqu’il rentre à Rome en octobre, le Sénat de César le proclame dictateur, lui conférant l’autorité suprême et des pouvoirs d’urgence étendus.
Dans les sept mois qui suivent leur fuite en Épire, Pompée et les sénateurs loyalistes rassemblent une formidable armée. Les provinces orientales généreuses et les royaumes clients portèrent la force de combat du Sénat à neuf légions sur le terrain et à une flotte de 300 navires qui dominait la mer. Après avoir hiverné à Dyrrhachium, Pompée avait l’intention d’envahir l’Italie et de sauver la république du despotisme, comme l’avait fait son mentor Sulla plus de 30 ans auparavant. César espérait tuer ce plan dans l’œuf. Le Sénat s’attendait à ce que César traverse l’Adriatique au printemps 48 avant J.-C., lorsque le temps serait plus chaud et les vents plus forts. Ils furent surpris de le trouver sur les rives de l’Épire en janvier avec sept légions de vétérans. Quatre légions, commandées par Marc Antoine, furent empêchées de traverser par la forte flotte loyaliste et furent contraintes d’hiverner à Brundisium. Ce revers n’entrave pas César, cependant. Il traverse la région, s’empare d’Apollonia et d’Oricum en route vers Dyrrhachium. Là, il construit des fortifications autour de la ville et la bloque pendant six mois, période pendant laquelle Antoine parvient à rejoindre César avec les quatre légions de Brundisium. Pompée brisa le blocus mais ne réussit pas à écraser l’armée de César.
C’était maintenant le mois d’août. Toujours pas découragés, César et ses légions se sont éclipsés de leur camp de nuit. Ils marchent ensuite vers l’est. Pompée les poursuivit, probablement sous la contrainte ; ses collègues sénateurs étaient de plus en plus inquiets et exigeaient une fin rapide à ce qui avait maintenant été plus d’un an et demi de guerre civile. César choisit de franchir les monts Pindus et d’entrer dans la province de Macédoine, où il trouva une vallée fertile pour nourrir ses troupes pendant qu’il attendait ses ennemis. L’endroit exact où Pompée fit camper ses légions dans cette vallée – et, par conséquent, le nom de la bataille qui s’ensuivit – a fait l’objet d’un vif débat parmi les spécialistes, un détail compliqué à la fois par les divergences entre les récits anciens et les preuves archéologiques modernes. Selon une théorie plus ancienne, il aurait établi son camp au sud-est de la rivière Enipeus, sur la pente adjacente à la ville de Pharsalus (l’actuelle Fársala), d’où le nom conventionnel de la bataille. Selon une théorie plus récente et de plus en plus soutenue, il aurait campé au nord de la rivière sur une pente adjacente à Palaepharsalus (« vieux Pharsalus », peut-être l’actuelle Kríni), auquel cas la bataille serait correctement appelée bataille de Palaepharsalus. Néanmoins, les spécialistes des deux camps s’accordent à dire que Pompée a positionné ses légions sur une pente à quelques kilomètres du camp de César dans la vallée et que l’Enipeus était un point de repère naturel déterminant.