Lorsque nous pensons à la Révolution française, nous pensons souvent à la montée de Napoléon et au brandissement du drapeau sur les barricades, tel que popularisé dans Les Misérables de Victor Hugo. A sa fin, la monarchie était tombée, l’ancien système politique et social – connu sous le nom d' »Ancien Régime » – avait pris fin, et une utilisation trop zélée de la guillotine avait répandu la peur dans tout le pays.

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La Révolution a commencé en 1789. Bien que la plupart des classes ouvrières soient pauvres et affamées, l’aristocratie restait riche et bien nourrie dans ses palais. C’étaient les marques d’un système féodal qui signifiait que peu de choses avaient changé depuis le Moyen Âge. Le roi exerçait un pouvoir absolu, ayant dépouillé la noblesse de ses rôles politiques, et la majorité des citoyens français avaient peu d’espoir de changement.

Le pays avait été ruiné par la guerre et la bourgeoisie (les classes supérieure et moyenne) avait un pouvoir politique limité. Les citoyens instruits, influencés par les écrivains des Lumières, sont devenus blasés du régime absolutiste en place depuis des siècles. Ils décident qu’il est temps de changer. Différentes factions se sont formées au sein des divers gouvernements révolutionnaires, chacune ayant sa propre approche et sa propre définition de la révolution.

La prise de la Bastille par la foule le 14 juillet 1789 a signalé qu’une révolution avait commencé. Bien qu’il s’agisse principalement d’une attaque symbolique – il n’y avait qu’une poignée de prisonniers dans la prison-forteresse parisienne – elle a été perçue comme une attaque contre l’autorité royale. Le roi et sa famille furent bientôt emprisonnés, un destin mortel les attendant, ainsi que de nombreuses autres personnes à travers la France.

Cette période de changement à l’échelle nationale a fait apparaître aux yeux du public des personnages hauts en couleur – dont beaucoup ont perdu la tête. Nous vous présentons les histoires de certaines des personnes pivots qui ont défini la Révolution.

En tant que figure de proue de l’Ancien Régime méprisé, le roi Louis XVI était rendu responsable des souffrances ressenties par le peuple de France. Le fossé entre la monarchie et les classes ouvrières est immense. De plus, le soutien apporté aux colons lors de la guerre d’indépendance américaine, ainsi que la participation de la France à un certain nombre d’autres guerres coûteuses, ont plongé le pays dans un profond endettement. Mais tandis que son peuple se débat dans la pauvreté, sans manger à sa faim, Louis XVI exerce un pouvoir absolu depuis son opulent palais de Versailles. La décadence et l’indifférence de la famille royale finiront par devenir trop lourdes à supporter pour les citoyens français.

Pour tenter de résoudre la crise financière, Louis accepte à contrecœur de convoquer les États généraux – une forme de parlement avec des représentants des trois domaines, le clergé, la noblesse et les communes – pour la première fois en 175 ans.

Ils se réunissent en mai 1789 et commencent immédiatement à se disputer. Le 17 juin, le troisième pouvoir, représentant la majorité de la population, en a assez. Bien qu’il ait le plus grand nombre de membres, le tiers état n’a pas le droit de voter pour chaque homme présent, ce qui réduit sa capacité à apporter des réformes. Elle s’est donc rebaptisée Assemblée nationale, un organe qui représenterait le peuple et non les états eux-mêmes. Au cours des jours suivants, des membres du clergé et de la noblesse les rejoignent et, le 27 juin, le roi cède le pouvoir à l’Assemblée.

La famille royale est déplacée de son environnement confortable à Versailles vers un emprisonnement virtuel au palais des Tuileries à Paris. En juin 1791, ils ont fait une tentative désespérée pour s’échapper de Paris et lancer une contre-révolution, mais n’ont réussi qu’à aller jusqu’à Varennes – à 150 miles de là – avant d’être arrêtés et ramenés aux Tuileries.

Le 21 septembre 1792, la monarchie française est officiellement abolie, et la Première République française établie.

Ce n’est cependant pas la fin des ennuis de Louis – la Convention nationale (un successeur de l’Assemblée) le déclare coupable de trahison le 15 janvier 1793, l’envoyant à la guillotine. Il fut exécuté quelques jours plus tard, à la joie de foules en liesse.

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Marie Antoinette, 2 novembre 1775 – 16 octobre 1793

L’une des images les plus durables associées à la Révolution française est celle de Marie Antoinette faisant face à sa mort imminente, au mépris des citoyens français affamés. Un mythe persistant veut qu’elle ait dit « Laissez-les manger du gâteau » – cette citation lui a été attribuée 50 ans après sa mort. Cependant, son impopularité en France n’était pas un conte de fées. Princesse autrichienne, Marie-Antoinette épouse le futur Louis XVI alors qu’elle n’a que 14 ans. Leur union avait pour but de cimenter une alliance entre l’Autriche et la France, en guerre depuis de nombreuses années.

Marie Antoinette est allée à sa mort en blanc – la couleur des reines veuves en France. (Photo par Photo12/UIG/Getty Images)

Bien qu’initialement charmée par cette jeune princesse, l’opinion populaire s’est vite retournée et elle est devenue méprisée par les Français ordinaires de la classe ouvrière pour ses dépenses somptuaires et ses extravagances. Elle commanda même la construction d’un village modèle à Versailles, qui lui servit de retraite personnelle et qui fut largement considéré comme une moquerie de la vie paysanne. Des rumeurs circulaient selon lesquelles elle avait un certain nombre d’aventures et elle commençait à incarner tout ce que les révolutionnaires détestaient de l’Ancien Régime.

Après la tentative ratée de la famille royale de fuir Paris en juin 1791, Antoinette passe les mois restants de sa vie dans diverses prisons, et la déclaration de guerre de la France à l’Autriche en avril 1792 n’arrange en rien sa situation. Sa dernière prison, la Conciergerie, était infestée de rats, et des eaux nauséabondes y coulaient depuis la Seine toute proche.

  • Les derniers jours de Marie-Antoinette

L’exécution de Louis XVI voit les deux enfants survivants de la reine séparés d’elle, dont Louis-Charles, huit ans, qui sera plus tard amené à témoigner contre sa mère lors de son procès. Neuf mois plus tard, Marie-Antoinette est traduite devant un tribunal et reconnue coupable de trahison. Elle est guillotinée le 16 octobre 1793. Ses derniers mots furent une excuse pour s’être tenue sur le pied de son bourreau.

Le corps de Marie-Antoinette fut jeté dans une tombe non marquée – ses restes, ainsi que ceux de son mari, furent exhumés en 1815 et réinstallés dans la basilique de Saint-Denis.

De l’infâme à l’immortel

Le célèbre musée de cire de Londres permet aux visiteurs d’approcher de près leurs célébrités et personnages historiques préférés, mais il a en fait lui-même une histoire assez macabre. Marie Tussaud était une artiste française qui a appris à créer des modèles de cire à Paris, où elle a travaillé avec Philippe Curtis – un modeleur dont Tussaud a hérité les musées de cire. Tussaud a été emprisonnée en tant que royaliste après avoir travaillé comme professeur d’art pour la sœur de Louis XVI, Madame Élisabeth. Pendant le règne de la Terreur, elle a été libérée à l’horrible condition qu’elle crée des masques mortuaires de ceux qui venaient d’être guillotinés – y compris ceux de Louis XVI et de Robespierre. Tussaud a finalement quitté la France, emportant sa collection de cires en Grande-Bretagne et créant son exposition de Baker Street en 1835. La salle de la  » Chambre des horreurs  » a été créée pour abriter certaines des reliques qu’elle avait rapportées de la France révolutionnaire.

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Princesse de Lamballe, 8 septembre 1749 – 3 septembre 1792

Marie-Thérèse-Louise de Savoie-Carignan, princesse de Lamballe, était une compagne intime de la reine Marie-Antoinette, et son salon devint un lieu de rencontre populaire pour les sympathisants royalistes après le début de la Révolution.

Après une attaque de la foule contre le palais des Tuileries le 10 août 1792 – où la famille royale était détenue – la princesse est emmenée à la prison de La Force. Entre le 2 et le 4 septembre – période connue plus tard sous le nom de massacres de septembre – les prisonniers sont traînés devant des tribunaux formés à la hâte et condamnés à mort. Plus de la moitié des 2 700 prisonniers ont été tués, beaucoup par des foules armées, dont la princesse.

Refusant de prêter un serment renonçant à la monarchie le 3 septembre, Lamballe fut livrée à une foule dans les rues qui l’attendait. Différents récits sensationnels et macabres de sa mort ont circulé, notamment qu’elle a été violée et mutilée. La plupart, cependant, s’accordent à dire que la tête de Lamballe a été coupée et ensuite traitée dans les rues, la foule ayant l’intention de l’exhiber devant Marie-Antoinette.

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Charlotte Corday, 27 juillet 1768 – 17 juillet 1793

Des événements comme la Révolution française démontrent les mesures extrêmes que les gens peuvent prendre au nom de leur cause – dans le cas de Charlotte Corday, c’était un meurtre pour la liberté. Jean-Paul Marat était un journaliste et l’un des principaux partisans des Montagnards – un groupe radical au sein de la faction jacobine de l’Assemblée nationale, qui prônait la violence pour obtenir l’égalité. Il était dirigé par l’une des figures les plus influentes, et impitoyables, de la Révolution française, Maximilien Robespierre.

En 1789, Marat commence à rédiger un journal – L’Ami du Peuple – qui défend les droits des classes inférieures contre les ennemis du peuple, à savoir la monarchie et les gouvernements révolutionnaires qui ont vu le jour.

Le journal fut accusé d’inciter à la violence et d’être à l’origine des massacres de septembre et du règne de la Terreur, une période particulièrement sombre de la Révolution, qui vit des radicaux prendre le contrôle du gouvernement révolutionnaire et des centaines de personnes exécutées par la guillotine.

Charlotte Corday était une aristocrate mineure de Caen et une sympathisante des Girondins – un groupe politique qui prônait une révolution moins extrême. Elle se désole de la tournure que prend la Révolution et réagit en désespoir de cause. Le 13 juillet 1793, après avoir assuré qu’elle trahirait les Girondins, Corday est invitée au domicile parisien de Marat. Ce dernier prenait alors un bain médicinal – en raison d’une maladie de peau débilitante – lorsque Corday le poignarda à la poitrine. Lors de son procès, où elle a été condamnée à mort, Corday a expliqué son raisonnement pour tuer Marat : « Je savais que lui, Marat, pervertissait la France. J’ai tué un homme pour en sauver cent mille. »

Selon une légende locale, un homme aurait giflé la joue de la tête coupée de Corday, lui faisant prendre une expression indignée. Cela a alimenté l’idée que les victimes de la guillotine pouvaient garder conscience pendant un court moment.

En mourant de la main de Charlotte Corday, Jean-Paul Marat est devenu un martyr révolutionnaire. (Photo par Fine Art Images/Heritage Images/Getty Images)

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Louis Philippe, duc d’Orléans, 13 avril 1747 – 6 novembre 1793

Un soutien surprenant de la Révolution est venu sous la forme du cousin du roi – le duc d’Orléans. L’un des hommes les plus riches de France, il était favorable à une transformation de la monarchie absolue en monarchie constitutionnelle. Défenseur des pauvres, il utilise souvent sa fortune pour nourrir les nécessiteux et ouvre sa résidence, le Palais-Royal, au public. Prochain dans l’ordre d’accession au trône après la famille royale immédiate, le duc entretient une relation glaciale avec son cousin et est ouvertement hostile à Marie-Antoinette.

En 1787, après avoir contesté l’autorité du roi devant le Parlement de Paris (une des hautes cours de justice de l’Ancien Régime), le duc est temporairement exilé dans ses domaines. Il devient un héros pour de nombreux révolutionnaires – notamment ceux qui participent à la prise de la Bastille – et est élu pour représenter les nobles aux États généraux, rejoignant ensuite l’Assemblée nationale.

Après la chute de la monarchie, le duc abandonne ses titres royaux et reçoit le nom de Philippe Égalité de la Commune de Paris – le gouvernement de Paris entre 1792 et 1795. Après avoir appris que son cousin avait demandé son exécution, le roi a déclaré : « Je suis vraiment peiné de voir que Monsieur d’Orléans, mon parent, a voté pour ma mort »

Ce sera le fils de l’ancien duc, Louis Philippe, qui sera à l’origine de la chute de son père. En 1793, après plusieurs années de service dans l’armée française, Louis Philippe fait défection aux Autrichiens, avec le général français Charles-François du Périer Dumouriez. Cela provoque l’indignation de Paris et, bien qu’il n’y ait aucune preuve que son père ait commis un quelconque crime, les actions de son fils suffisent à le condamner. Le 6 novembre 1793, Philippe Égalité est reconnu coupable par le Tribunal révolutionnaire et guillotiné le même jour.

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Georges Danton, 26 octobre 1759 – 5 avril 1794

Originalement formé comme avocat, Georges Danton est inspiré pour aider la cause révolutionnaire, rejoignant la garde civique (garde bourgeoise) en 1789. En 1790, avec quelques révolutionnaires militants, il fonde le club des Cordeliers – créé pour prévenir les abus de pouvoir et les violations des droits de l’homme. Brillant orateur, Danton gagne rapidement des partisans parmi la faction jacobine et parvient à obtenir un poste dans.la Commune de Paris.

Le 10 août 1792, le palais des Tuileries est pris d’assaut par la Garde nationale de la Commune de Paris – on ne sait pas si Danton a réellement participé à ce renversement de la monarchie, mais on lui attribue son succès et il est rapidement nommé ministre de la Justice. En septembre, il avait été élu à la Convention nationale. On pense que Danton avait voulu épargner l’exécution du roi mais qu’il a finalement voté pour sa mort.

En avril 1793, Danton devient le premier président du Comité de salut public. Des tentatives sont faites pour négocier une paix avec l’Autriche, mais lorsqu’elles échouent, Danton est écarté des élections suivantes du comité. Alors que la révolution prend un tour plus sombre, Danton commence à appeler à une approche plus modérée. Ses défis continus aux ouvertures violentes de Robespierre ont conduit à son arrestation le 30 mars 1794, et il a été décapité quelques jours plus tard.

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Maximilien Robespierre, 6 mai 1758 – 28 juillet 1794

Un des personnages les plus influents de la Révolution, Robespierre était à l’origine un avocat qui fut élu aux États généraux puis fit partie de l’Assemblée nationale constituante, issue de l’Assemblée nationale en 1789. Il devient populaire auprès du peuple pour ses attaques virulentes contre la monarchie et ses appels à la réforme démocratique.

En 1790, Robespierre devient le président du Club radical des Jacobins, puis premier député de Paris à la Convention nationale. La Convention abolit la monarchie, déclare la France république et accuse Louis XVI de trahison.

Une lutte de pouvoir s’ensuit entre les Jacobins et les Girondins, plus modérés. Les Jacobins utilisèrent leur influence auprès de la foule pour prendre le contrôle, et les dirigeants des Girondins furent raflés. Le Comité de salut public prend le contrôle de la France, Robespierre en devient le chef.

Le règne de la Terreur est désormais en marche. Toute personne considérée comme un ennemi de la Révolution est guillotinée, y compris l’ancien ami de Robespierre, Georges Danton. Quelque 17 000 personnes ont été officiellement exécutées pendant les 11 mois de la Terreur, alors que Robespierre tentait de consolider son pouvoir.

On se souvient souvent de cette période dangereuse comme de l’acte déterminant de Robespierre pendant la Révolution – mais il allait bientôt rencontrer une chute de grâce. Le régime autocratique de Robespierre voit bientôt sa popularité diminuer – il avait même essayé d’établir une nouvelle religion nationale connue sous le nom de Culte de l’Être suprême. Un plan est élaboré par la Convention pour le renverser. Le 27 juillet 1794, après une certaine résistance, Robespierre est arrêté après avoir été dénoncé comme un tyran dans une contre-révolution connue sous le nom de réaction thermidorienne. Au cours de l’échauffourée, il reçoit une balle dans la mâchoire – on ne sait pas si Robespierre s’est tiré une balle ou si elle a été tirée par l’un de ses geôliers.

Le lendemain, Robespierre et 21 de ses partisans sont envoyés à la guillotine. Le bourreau a arraché le bandage qui couvrait sa mâchoire, le faisant crier d’agonie avant que la lame qui tombe ne le réduise au silence pour toujours. Selon des témoins, la foule a applaudi pendant 15 minutes à sa mort.

Que s’est-il passé ensuite ?

La mort de Robespierre a inauguré une période connue sous le nom de Terreur blanche, au cours de laquelle les famillesdes personnes tuées pendant le règne de la Terreur ont exercé leur vengeance. Elle est suivie, en octobre 1795, d’une révolte royaliste contre la Convention nationale – écrasée par un jeune général appelé Napoléon Bonaparte.

La Convention est dissoute en novembre 1795. À sa place est apparu le Directoire français, un organe qui espère inverser la quasi-dictature qui avait régné en France pendant la Terreur. Le nombre d’exécutions commence à diminuer et les mesures contre les royalistes et le clergé sont assouplies, mais même ainsi, le Directoire est plein de corruption.

En novembre 1799, Napoléon mène un coup d’État contre le Directoire, s’établissant comme Premier Consul. Cela a mis fin à la révolution, mais allait commencer l’ère napoléonienne, tout au long de laquelle il a tenté de conquérir la plupart de l’Europe.

La monarchie a été restaurée en 1814 après la défaite de Napoléon, avec les frères de Louis XVI, Louis XVIII et Charles X, régnant en tant que monarques constitutionnels. La Révolution de juillet 1830 voit Charles X contraint d’abdiquer en faveur de son cousin Louis Philippe Ier – fils du duc d’Orléans exécuté. Les rébellions de 1832 contre cette « monarchie de juillet » servent de cadre au roman classique de Victor Hugo, Les Misérables.

La Révolution a de nouveau revisité la France en 1848, lorsque la source des bouleversements politiques a balayé l’Europe occidentale. Cette fois, la monarchie a été abolie pour de bon.

Emma Slattery Williams est rédactrice en chef de BBC History Revealed.

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Cet article a été publié pour la première fois dans le numéro de juillet 2019 de BBC History Revealed

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