Westminster, mardi
La Chambre des communes, au moment où j’écris ces lignes, essaie encore de s’adapter à l’un des discours les plus graves qui lui aient été prononcés dans toute sa longue histoire. Il a brisé toutes les illusions selon lesquelles le retrait du BEF et des troupes françaises du nord de la France a transformé une défaite militaire en une victoire. « Un miracle de délivrance » – c’est ce qu’il a été, a convenu M. Churchill, gagné par la discipline, la ressource, l’habileté et une fidélité invincible. Mais que personne, c’était son avertissement, n’attribue les attributs de la victoire à ce qui s’était passé. Les guerres ne sont pas gagnées par des évacuations. Et l’on a entendu M. Churchill, la Chambre étant suspendue à chaque syllabe, dire avec une candeur sans remords qui était clairement déterminée à ne rien nous épargner de la vérité : « Non, c’est un désastre militaire colossal. »
La preuve ? M. Churchill l’a fournie. L’armée française avait été affaiblie, l’armée belge avait été perdue, une partie de la ligne fortifiée alliée avait disparu, de précieux districts miniers étaient passés en possession de l’ennemi, l’ensemble des ports de la Manche étaient entre ses mains, et nous avions abandonné une énorme quantité de matériel, dont un millier de canons.
Face aux possibilités
La Chambre se faisait certainement présenter le tableau dans une perspective vraie et sinistre. « Ne vous faites plus d’illusions », semblait dire M. Churchill. Car il n’avait pas fini. Il s’est confronté à tous les développements prévisibles et les a examinés sans crainte, la Chambre le suivant avec une gravité croissante.
Il y avait une possibilité que Hitler frappe la France ou qu’il nous frappe. Il a discuté d’une invasion allemande plutôt comme une probabilité que comme une possibilité. Enfin, il a affronté l’éventualité désastreuse (bien qu’il ait dit qu’il ne pouvait pas y croire un seul instant en tant que réalité) – la possibilité de la subjugation d’une grande partie de ces îles. Mais si ce moment arrivait, la guerre ne serait pas encore terminée. Notre Empire, gardé par la flotte britannique, reprendrait alors la lutte jusqu’à l’avènement du nouveau monde.
Après cela, personne ne va sûrement accuser M. Churchill ou son gouvernement de complaisance. Bien sûr, il y avait un côté positif. Personne qui lit M. Churchill ne se plaindra qu’il sous-estime le retrait des Alliés de Dunkerque, soit comme un fait d’armes, soit comme un exemple immortel d’héroïsme. Il ne faut pas non plus négliger son passage élogieux sur la RAF, avec son hommage émouvant à ces jeunes hommes (sa voix semblait faiblir un peu sous l’effet de l’émotion) qui faisaient paraître les Croisés et les chevaliers de la Table ronde non seulement lointains mais prosaïques. Mais tout n’est pas à l’honneur. M. Churchill a trouvé une victoire au cœur de la délivrance miraculeuse, la victoire de ces jeunes hommes sur l’armée de l’air allemande, car cela, a dit M. Churchill, avait été une grande épreuve de force entre les deux forces aériennes opposées, et l’ennemi avait été forcé de payer quatre fois pour chaque perte qu’il avait infligée à la RAF. Nous pourrions nous sentir grandement rassurés par ces faits, pensait M. Churchill, lorsque nous en viendrions à envisager les perspectives d’une attaque aérienne contre ce pays.
L’attitude de la Chambre était digne de tous les éloges. Au fur et à mesure que M. Churchill exposait la position, son moral s’est élevé au lieu de baisser, et à la fin, il y a eu une longue acclamation de défi soulignant la déclaration finale de M. Churchill, que, si nécessaire, nous nous battrons en France, sur la mer, dans les airs, sur les plages, sur les terrains de débarquement, dans les champs, dans les rues et dans les collines, et nous ne nous rendrons jamais.
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