En mars 1915, pendant la Première Guerre mondiale (1914-18), les forces britanniques et françaises lancent une attaque navale infructueuse contre les forces turques dans les Dardanelles, au nord-ouest de la Turquie, dans l’espoir de prendre le contrôle du détroit stratégiquement vital séparant l’Europe de l’Asie. L’échec de la campagne des Dardanelles, ainsi que celle qui suivit plus tard dans l’année à Gallipoli, entraîna de lourdes pertes et porta un coup sérieux à la réputation du commandement de guerre allié, y compris celle de Winston Churchill, le premier lord de l’amirauté britannique, qui était depuis longtemps partisan d’un assaut naval agressif contre la Turquie aux Dardanelles.

Campagne des Dardanelles : Contexte

Seule voie navigable entre la mer Noire à l’est et la mer Méditerranée à l’ouest, les Dardanelles ont été une zone très disputée dès le début de la Première Guerre mondiale. Les enjeux pour les deux parties étaient importants : le contrôle britannique du détroit signifierait une ligne directe vers la marine russe en mer Noire, permettant l’approvisionnement en munitions des forces russes à l’est et facilitant la coopération entre les deux camps. Les Alliés sont également en concurrence avec les Puissances centrales pour le soutien dans les Balkans, et les Britanniques espèrent qu’une victoire contre la Turquie persuadera un ou tous les États neutres de Grèce, de Bulgarie et de Roumanie de rejoindre la guerre du côté des Alliés. Enfin, comme le dit le ministre britannique des Affaires étrangères Edward Grey, l’approche d’une flotte alliée aussi puissante vers le cœur de l’Empire ottoman pourrait provoquer un coup d’État à Constantinople, conduisant la Turquie à abandonner les Puissances centrales et à revenir à sa neutralité antérieure.

Le soutien du reste du commandement de guerre britannique ne vint pas trop tôt pour Winston Churchill (1874-1965), le premier lord de l’amirauté britannique (apparenté au secrétaire de la marine américaine), qui était depuis longtemps partisan d’un assaut naval agressif contre la Turquie aux Dardanelles. Bien que d’autres, en particulier le commandement militaire français, dirigé par Joseph Joffre, aient fait valoir que la marine ne devrait pas frapper avant que les troupes terrestres puissent être épargnées du front occidental, Churchill a poussé à commencer immédiatement.

Campagne des Dardanelles : Mars 1915

L’attaque, planifiée tout au long de l’hiver 1915, s’est ouverte le 18 mars 1915, lorsque six cuirassés anglais et quatre français se sont dirigés vers le détroit.

Les Turcs étaient conscients qu’une attaque navale alliée sur le détroit était une forte possibilité et, avec l’aide des Allemands, avaient considérablement amélioré leurs défenses dans la région. Bien que les Alliés aient bombardé et détruit les forts turcs près de l’entrée des Dardanelles dans les jours précédant l’attaque, l’eau était fortement minée, obligeant la marine alliée à balayer la zone avant que sa flotte ne puisse se mettre en route. Toutefois, les dragueurs de mines ne parviennent pas à déminer complètement la zone : Trois des 10 cuirassés alliés (les britanniques Irresistible et Ocean, et le français Bouvet) sont coulés, et deux autres sont gravement endommagés.

La moitié de la flotte étant hors d’usage, les navires restants sont retirés. Bien que Churchill ait plaidé pour que l’attaque soit renouvelée le lendemain, affirmant, à tort comme il s’est avéré, que les Turcs manquaient de munitions, le commandement de guerre allié a choisi de retarder l’attaque navale aux Dardanelles et de la combiner avec une invasion terrestre de la péninsule de Gallipoli, qui bordait le côté nord du détroit.

Campagne de Gallipoli : Avril 1915-janvier 1916

Le débarquement allié sur Gallipoli, qui a lieu le 25 avril 1915, se heurte à une défense turque féroce inspirée par le leader turc Mustafa Kemal (1881-1938), futur président de la Turquie et plus tard connu sous le nom d’Ataturk, et dirigée habilement par le commandant allemand Otto Liman von Sanders. Pendant le reste de l’année, les forces alliées, y compris d’importants contingents d’Australie et de Nouvelle-Zélande, sont effectivement retenues sur les plages où elles ont débarqué, gênées par la direction prudente et inefficace de leur commandant britannique, Sir Ian Hamilton. Hamilton est remplacé vers la fin de 1915 par Charles Monro, qui recommande aux Alliés d’abandonner l’opération. Les armées ont été entièrement évacuées à la fin de janvier 1916.

Campagnes des Dardanelles et de Gallipoli : Pertes

L’échec de la campagne des Dardanelles et de Gallipoli entraîne de lourdes pertes – environ 205 000 pour l’Empire britannique et 47 000 pour les Français (il y a aussi 250 000 pertes turques) – et porte un coup sérieux à la réputation du commandement de guerre allié, y compris celle de Churchill, qui démissionne de son poste à l’amirauté après avoir été rétrogradé, et se dirige vers le front occidental pour commander un bataillon.

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