Hydaspes (Vieil Indien Vitaçtā, moderne Jhelum) : rivière du Pakistan, célèbre pour une bataille d’Alexandre le Grand.
En mai 326, le roi macédonien Alexandre le Grand et son allié, le raja Ambhi de Taxila, ont vaincu Porus, un raja qui n’avait pas pu se rendre à Alexandre. Il y avait de fortes pluies – la mousson semble avoir commencé tôt – et la rivière Jhelum, déjà large en mai à cause de la fonte des eaux de l’Himalaya, est devenue très large.
Porus pensait avoir une chance, si seulement il pouvait gagner du temps et garder la rivière, appelée dans l’Antiquité Hydaspes ou Vitaçtä, entre sa propre armée et celle de son ennemi. Le site devait se trouver quelque part près de l’actuel Jhelum. Des érudits ont proposé d’autres sites plus en aval du cours d’eau (à Haranpur et Jalalpur), mais des recherches paléohydrologiques ont montré que le Jhelum était loin de ces endroits jusqu’au huitième siècle de notre ère.
L’endroit réel où les deux armées se sont affrontées, doit être le lieu où l’Uttarāpatha a traversé le fleuve. C’était la route principale le long du Cophen, vers Peucelaotis, à travers l’Indus, vers Taxila, en direction de Lahore, et au-delà, vers Patna dans les plaines du Gange. Essentiellement, Uttarāpatha est l’ancêtre de la Grand Trunk Road, mais nous savons que jusqu’au XVIe siècle, le gué se trouvait au sud-ouest du pont moderne. Aujourd’hui, l’ancien passage est dominé par une grande forteresse, Mangla.
La bataille elle-même est devenue célèbre, mais il s’agissait en fait d’une escarmouche. Porus était isolé et Alexandre n’employait qu’un sixième de ses forces. Ce dont il avait besoin, c’était d’une traversée surprise, et la pluie lui offrait une opportunité suffisante. Un autre élément de surprise était que l’officier macédonien Coenus avait amené les navires (qui avaient été utilisés pour traverser l’Indus) jusqu’au Jhelum. Au cours d’une nuit orageuse, Alexandre et son armée se sont éclipsés du Jhelum par une vallée cachée, hors de vue de Porus.
À l’aube, Alexandre a traversé le Jhelum, à une distance considérable en amont de son camp initial. Un emplacement possible est près du barrage de Mangla, un barrage moderne. Ce site n’est pas difficile à atteindre et la rive ouest offre de la place pour rassembler les navires, pourtant il est hors de vue de l’autre rive.
Le fleuve Jhelum |
Le fleuve Jhelum |
Site possible de . traversée du Jhelum par Alexandre |
Un passage moderne du Jhelum |
Non conscient de ce qui s’était passé, et voyant une partie importante de l’armée d’Alexandre (commandée par Craterus) toujours sur la rive opposée, Porus ne pouvait pas croire la nouvelle que les Macédoniens avaient atteint la rive est. Il envoya son fils pour découvrir ce qui s’était passé, mais celui-ci fut tué au combat. Le fait qu’il ait plu a rendu très difficile le combat à partir de chars, un facteur qui a contribué à la défaite du prince. Alexandre se dirigea le long du fleuve, en aval, vers l’armée de Porus.
Les Macédoniens n’avaient rien à craindre, sauf les éléphants de Porus, un type d’unité militaire que les Macédoniens n’avaient jamais rencontré auparavant. Porus a placé ces animaux devant son infanterie ; sur ses ailes, il a stationné ses chars. Lorsque les Macédoniens atteignirent l’endroit où le roi indien les attendait, ils déployèrent leur phalange et se dirigèrent lentement vers leur ennemi. Alexandre commanda la cavalerie des Compagnons et les archers montés des Dahae, qui se trouvaient sur son aile droite. Voyant que ses chars de l’aile gauche étaient en surnombre par rapport à la cavalerie macédonienne, Porus déplaça ses chars de l’aile droite vers la gauche ; à ce moment, Coenus se déplaça vers l’aile droite indienne désormais non défendue et encercla les lignes ennemies, les attaquant à l’arrière.
À partir de maintenant, les Indiens étaient de tous les côtés encerclés, et le champ de bataille se transforma en un terrain de tuerie. Pendant ce temps, Craterus traversait le fleuve et rejoignait les autres Macédoniens. Presque toute la cavalerie indienne a été tuée ; quelques fantassins ont réussi à s’enfuir ; le roi Porus, blessé, ne s’est rendu qu’après la destruction de son armée. La pièce commémore la victoire des Macédoniens. Elle montre un cavalier macédonien attaquant un éléphant. Au revers, Alexandre lui-même est représenté, portant les attributs de son ancêtre divin, Zeus : le foudre. En d’autres termes, le héros conquérant prétendait avoir créé les pluies qui avaient tant aidé la victoire macédonienne.
Littérature
- Arrien, Anabasis, 5.9-19
- P.H.L. Eggermont, Alexander’s campaign in Southern Punjab (1993)
- F. L. Holt, Alexandre le Grand et le mystère des médaillons d’éléphants (2003)
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